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Autour des Ateliers du Récit

Visées

« En Afrique quand un vieillard meurt c’est une bibliothèque qui brûle »,

déclarait Amadou Hampaté Ba.

Faire nôtre cette représentation c’est tenter d’éclairer comment chaque vie,

si l’on fait émerger ce qu’elle a de singulier, mais aussi d’universel,

peut nous guider collectivement.

Les solidarités intergénérationnelles ont fait place à une société

où les âges délimitent des parcours de vie étanches

qui signifient pour beaucoup de personnes âgées une retraite au sens de mise en retrait.

Or toute vie, même la plus anonyme, et s’il était besoin l’histoire, la philosophie, les contes nous le rappellent,

est porteuse de richesses, par la multiplicité de ses rencontres, de ses savoirs, de ses acquis,

cette fameuse « bibliothèque » à sauver des flammes…

Il semble essentiel pour tout individu, et pour toute société

d’être le plus lucide possible à cet égard

et que ce temps de retraite devienne un temps relais, et non pas seulement bilan,

où la réalisation de l’un, exprimée, relatée,

par le fil ténu de la parole retranscrite (ou, mieux, de l’écrit)

vienne guider les pas des compagnons, enfants, héritier de ces êtres

qui se retirent d’une vie dite active.

Ainsi serait recréée une place de l’Ancien dans sa société.

Ce récit, par le travail sur soi qu’il représente, par cet « accouchement »,

peut apporter une aide à valeur thérapeutique.

La formulation permet une conscientisation, une distanciation. La parole est accueillie, «transbordée», translatée en texte.

Et la dimension de l’acte est démultipliée par ce transfert puisqu’il devient pluriel :

écoute, action, trace en tant qu’acte de mémoire, message aux vivants, et, au-delà,

retrouvailles avec ce qui nous fonde.

Il s’agit de relier cette démarche à celle que notre imaginaire projette sur les bios socratiques,

réponses possibles au précepte de l’oracle de Delphes :

« Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les dieux ».

Ecrire permet au-delà de l’expression, déjà salvatrice en soi, une construction

(qui se concrétise d’autant plus qu’il est proposé, selon le désir de la personne,

une « mise en scène » des écrits réalisés par un choix de leur mise en page sous forme d’ouvrage),

un relais matérialisé, un cadeau à soi et aux autres.

En ce sens, cette pratique se rapproche de l’art thérapie tel que défini par Jean-Pierre Klein

« L’art-thérapie inscrit l’expression dans un processus qui fait évoluer la forme créée.

L’expression soulage mais la création, et la création suivie, transforme ».